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« Hôpital : creuser après le fond »

Nous, à l’hôpital, on croyait avoir touché le fond. Mais nos politiques nous ont tendu une pelle pour creuser encore.

Déjà qu’on soigne avec des gants troués, des effectifs fondus et des patients qui patientent plus que jamais, voilà qu’on nous sert la dernière innovation en médecine d’État : soigner plus, avec moins… et gratuitement deux jours de plus. Le cadeau maison ? Suppression de jours fériés, gel des salaires et embauches bloquées, voilà ce que l’on nous offre cette année.

Gel des salaires ? C’est Fait. Deux jours fériés supprimés ? Bravo, on bosse gratis, version esclavage 2.0, mais avec blouse blanche en bonus. Et le tout emballé dans ce joli papier-cadeau qu’ils appellent “redressement budgétaire”. Il faut comprendre dans leur logique qu’il faut couper dans ce qui tient encore debout.

Et pendant que les malades attendent sur des brancards, on nous balance des chiffres comme si nos patients étaient des lignes Excel.

La franchise médicale double ? Pas grave : on soignera leur portefeuille avant leur santé.

Les affections de longue durée rabotées ? Idéal pour économiser… surtout sur la vie des gens. Bientôt, il sera plus cher d’attraper une grippe que de partir en croisière.

Et nos dirigeants qui, hier, nous applaudissaient à 20h ? Ils ont dû se froisser les mains : plus un bruit depuis. Aujourd’hui, le seul son qu’on entend, c’est le clac sec des ciseaux qui taillent dans nos budgets.

Le message est clair : l’hôpital public n’est plus un service, c’est une variable d’ajustement.
Nous, soignants, on devient bénévoles malgré nous et bientôt, on paiera pour avoir le droit de bosser.

Quand l’hôpital mourra, ce ne sera pas faute de médecins ou d’infirmiers… mais faute d’air pour respirer et de moyens pour soigner.